Episode #34 - Faire face à quelqu’un de très mauvaise foi

Bonjour à toutes et à tous,

Depuis le début de cette série Les Galères du Management, nous avons décrypté de nombreuses situations managériales difficiles. A chaque fois, on vous invite à prendre du recul, à vous questionner, et à traiter vos équipes avec humanité (oui, c’est important 🙂).

En formation, des managers nous disent souvent : “C’est bien gentil vos outils managériaux mais vous faites quoi quand vous êtes face à un collaborateur de mauvaise foi ?”.

Pour ce 34e épisode, nous avons décidé de nous attaquer à ce sujet…

Bonne lecture !


Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez aussi :


🛶 La galère du jour : Que faire face à quelqu’un de très mauvaise foi ?

Dans votre équipe, Romuald vous fait tourner en bourrique. Vous lui confiez une tâche ? Il ne la traite pas, prétend qu’il n’a pas le temps, voire ose affirmer que vous ne lui avez même jamais demandé. Quand il commet une erreur, aucune remise en question : c’est TOUJOURS la faute des autres (souvent la vôtre car vous lui avez “mal expliqué” au départ) !

Comment réagir à (tant) de mauvaise foi ?


💡 C’est quoi être de mauvaise foi ?

Dans le dictionnaire Larousse, la mauvaise foi est définie comme “l’affirmation d’une chose que l’on sait fausse”. En somme, c’est de la malhonnêteté.

Dans un contexte juridique, le concept de “mauvaise foi” est implicitement présent dans le Code Civil, notamment par opposition au principe de “bonne foi”.

La mauvaise foi désigne l’intention délibérée d’une personne d’agir de manière contraire à la loyauté et à l’honnêteté attendues dans une situation donnée (source : jurislogic).

Au travail, un salarié peut être considéré de mauvaise foi s’il :

  • Ne répond pas à ses obligations contractuelles malgré les avertissements ;

  • Dissimule volontairement des informations cruciales à son employeur ou falsifie des documents pour parvenir à ses fins ;

  • Dénonce des faits de harcèlement ou de discrimination alors qu’ils sont faux.

  • Etc.

Bref, vous l’aurez compris, la mauvaise foi d’un salarié, si elle est établie, est un motif sérieux pour mettre fin à la collaboration.

Entre incompétence et malhonnêteté, il n’est pas toujours simple d’y voir clair. Dans le cas de Romuald, nous sommes manifestement en zone grise.

 
 

💡 Gérer la situation en appliquant les Accords Toltèques

Connaissez-vous les “4 accords toltèques” issus du livre de l’auteur mexicain Miguel Ruiz ?

 
 

Eh bien, il est temps de les lire et de s’en inspirer pour mieux vivre la situation et adopter la bonne posture avec Romuald, votre collègue a priori “de mauvaise foi”.

Que votre parole soit impeccable

Ce premier accord rappelle l’importance des mots utilisés. Il vous invite à parler avec intégrité : dire ce que l’on pense, sans mentir, ni juger.

⛔ Les boulettes à éviter

Le simple fait d’estimer que votre collègue Romuald est “de mauvaise foi” est problématique : il s’agit d’un jugement moral. On compte sur vous pour ne pas attaquer Romuald en lui disant “Ce n’est pas possible, tu es d’une telle mauvaise foi !”, ou pire médire sur lui derrière son dos.

Ne rien dire et tout laisser passer car “vous détestez le conflit” ? Pas une solution non plus !

💡 Pour une parole impeccable, s’en tenir aux faits, et rien qu’aux faits !

Pour engager une conversation avec Romuald sur de bonnes bases, vous pouvez utiliser la Communication Non Violente (CNV) dont nous avons déjà parlé dans de précédents épisodes : Dire à un collaborateur qu’il parle trop, Réagir à la demande de congés qui tombe vraiment mal

 
 

Exemple : Romuald, je n’ai pas reçu les données que tu devais m’envoyer hier. Cela me stresse parce que j’en ai besoin pour finaliser le budget que je présente demain après-midi. Penses-tu pouvoir m’envoyer le document avant midi ?

Là, Romuald pourrait vous répondre qu’il n’a pas eu le temps, car il est surchargé (alors qu’il ne l’est pas), que c’est impossible de répondre à votre demande, voire prétexter que vous ne lui aviez jamais demandé…

Plutôt que de rentrer dans une rage incontrôlable, restez calme et factuel : “Je suis surpris, nous avions convenu de cette échéance ensemble mardi dernier. Quels autres sujets as-tu en cours ? Je vais t’aider à prioriser…”.

Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle

Ce deuxième accord nous invite à prendre du recul et à ne pas se sentir attaqué(e) par les actions de l’autre. Ce que disent ou font les autres est une projection de leur propre réalité.

⛔ Les boulettes à éviter

Revenons à votre situation avec Romuald. Vous venez de découvrir au dernier moment qu’il n’a pas travaillé sur un dossier prioritaire pour vous. Il vous attaque en rétorquant que votre demande n’était pas claire...

La première erreur à éviter est de le prendre personnellement : “Tu te moques de moi ? Avoue, tu as fait ça exprès ! Tu te rends compte dans quelle situation tu me mets ?”.

En réalité, son comportement est probablement le reflet de ses propres difficultés. Rien à voir avec vous.

 
 

Le deuxième piège est de ne rien dire et de faire le travail à sa place : “Ah oui, il me dit que c’est impossible. Je vais lui montrer qu’il a tort”.

Pire, certains managers pourraient culpabiliser et rejeter la faute sur eux-mêmes : “Il a peut-être raison, je n’ai pas été assez clair dans mes instructions”.

💡 Comprendre les besoins de l’autre et reposer le cadre

En cherchant des excuses, Romuald cherche à se protéger et à répondre à ses propres besoins.

Quels sont ses besoins concrets et réels ? C’est ça qu’il faudra découvrir.

Si Romuald n’est pas au clair sur les priorités, vous pouvez ritualiser une bilatérale qui vous permet de fixer ensemble les priorités et les échéances.

Si Romuald prétend que vos consignes ne sont pas claires, demandez lui de reformuler systématiquement sa compréhension de votre demande. Si cela ne suffit pas, passez systématiquement par l’écrit.

Le passage par l’écrit permet d’avoir des éléments factuels incontestables. En cas de manquement, vous pouvez mettre la personne face à ses responsabilités. Et si la situation tourne au conflit, vous avez des preuves incontestables…

Ne faites pas de suppositions

Ce troisième accord invite à clarifier la situation plutôt qu’à l’interpréter et à foncer tête baissée avec des solutions préconçues.

⛔ Les boulettes à éviter

On se méfie de ses propres interprétations sur les intentions ou motivations de votre collègue.

Si Romuald ne réalise pas les tâches qui lui sont confiées, ce n’est peut-être pas de la mauvaise volonté. Il peut s’agir d’une incompréhension sur ce qui est attendu, un manque de compétence, une mauvaise interprétation des priorités, un manque de motivation, etc.

En réalité, vous n’en savez rien ! Vous n’êtes pas à sa place.

Et quand on ne sait pas, on pose des questions. 🙂

💡 Garder une distance émotionnelle et poser ses questions

La meilleure pratique est d’adopter une posture d’écoute et poser des questions ouvertes pour chercher à comprendre la situation telle qu’elle est vécue par l’autre.

Quelques exemples de questions à adresser à Romuald : “Que s’est-il passé ?”, “Quelle est ta vision sur la situation ?”, “Pour quelles raisons as-tu préféré ne rien me dire ?”, “De quoi as-tu besoin pour avancer ?”, “Comment puis-je t’aider ?”

Reformulez de manière synthétique ce que vous avez compris en distinguant bien les faits, le ressenti et les besoins exprimés. L’exercice de reformulation vous aidera à garder votre calme.

Les bases sont posées pour trouver les solutions adaptées : clarification des priorités, montée en compétence, points d’avancement plus réguliers…

Faites toujours de votre mieux

Ce dernier accord rappelle l’importance de faire l’effort pour maintenir une relation saine avec l’autre, sans chercher la perfection ou culpabiliser par rapport à des attentes irréalistes.

⛔ Les boulettes à éviter

L’erreur la plus courante est d’abandonner complètement avant d’avoir tout essayé. Parmi les exemples de pratiques peu recommandables : se débarrasser de lui en le refilant à une autre équipe, lui retirer les responsabilités pour le cantonner à des tâches peu importantes…

L’autre erreur à long terme est d’investir trop d’énergie pour une seule et même personne. Si Romuald vous demande de tels efforts que vous en venez à délaisser le reste de l’équipe, ce n’est pas bon.

💡 Faire les efforts et accepter que cela ne puisse pas fonctionner !

Travailler avec une personne “difficile” comme Romuald est éprouvant. Vous allez passer du temps à expliquer, écouter, recadrer… Dans certains cas, ce sera le passage obligé pour trouver un moyen de travailler sereinement avec lui.

Dans d’autres cas, malgré vos efforts, la situation n’évoluera pas ! Il nous semble important de savoir poser ses propres limites pour ne pas s’épuiser. L’important est d’avoir fait de son mieux pour que la relation de travail au sein de votre équipe soit la meilleure possible.

Vous avez fait de votre mieux et cela n’a pas suffit ? Ce n’est pas vous le problème. Vous n’êtes pas magicien(ne).

À bientôt pour le prochain épisode !

A chaque épisode, Onirio explore une situation managériale et vous donne des conseils pour prendre du recul et adopter les bons réflexes !

Pour retrouver tous les épisodes déjà publiés, c’est par ici !

Pour découvrir les prochaines galères du management, vous pouvez nous suivre sur notre page LinkedIn.

 

Cette galère du management explorée avec 💙 par Onirio vous a été racontée par Jérôme Labastie

Précédent
Précédent

Episode #35 - Soutenir un collaborateur qui vit un drame personnel

Suivant
Suivant

Episode #33 - Réagir à la demande de congés qui tombe vraiment mal