Episode #35 - Soutenir un collaborateur qui vit un drame personnel
Bonjour à toutes et à tous,
Connaissez-vous la série Severance ?
Dans cet univers dystopique, les vies personnelles et professionnelles des salariés sont complétement dissociées ! En clair, quand les salariés franchissent les portes du bureau, ils n’ont aucun souvenir de leur vie personnelle. Et inversement quand ils quittent le bureau.
Si vous vivez dans l’univers de Severance, passez votre chemin, vous n’aurez pas besoin de lire ce nouvel épisode des Galères du Management.
Pour les autres (nombreux, on l’espère), nous abordons aujourd’hui une situation particulièrement délicate.
Bonne lecture !
Pour les amateurs de séries, regardez Severance : excellente série et effrayant scénario du futur du travail…
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🛶 La galère du jour : Comment soutenir une personne qui vit un drame personnel ?
Dans votre équipe, Bertrand vit une période difficile. Un proche est atteint d’une maladie grave qui nécessite de lourds traitements et des passages fréquents à l’hôpital. Vous aviez remarqué que Bertrand avait l’air préoccupé. La semaine dernière, il vous a informé de la situation. et de son souhait de disposer de temps pour être avec ses proches.
Comment soutenir Bertrand au mieux tout en restant dans votre rôle de manager ?
⛔ Attention aux maladresses !
Faire comme si de rien n’était : “On est là pour bosser ici. Ce qui se passe à l’extérieur de l’entreprise reste à l’extérieur…”. On respire et on s’apaise : nous ne sommes pas dans le monde Severance !
Donner des leçons ou des conseils non sollicités : “Je suis passé par là. Ne t’en fais pas ! Il faut surtout être bien accompagné. Qui ton médecin ? Je peux te mettre en relation avec Dr … Il est fabuleux.”
Retirer les responsabilités à la personne en pensant bien faire : “Prends du temps pour toi. Je vais demander à Marie de reprendre tes projets.”. Et si le travail était justement le moyen pour lui de penser à autre chose ?
Divulguer des informations confidentielles au reste de l’équipe sans l’accord de Bertrand. On évite de débriefer de tous les rendez-vous médicaux à la machine à café.
Négliger le reste de l’équipe : La situation peut impacter les autres membres si vous êtes moins disponible, ou si la charge de travail se reporte sur eux. Vigilance !
Relativiser la situation de manière excessive : “Ca va aller, il faut rester positif !”. La positive attitude a des limites…
💡 Les bons réflexes
1️⃣ Apporter son soutien sans être envahissant
En 2015, Sheryl Sandberg (numéro 2 de Facebook à cette époque) a écrit un texte poignant sur son retour au bureau quelques semaines après le décès de son mari.
Elle illustre en particulier les difficultés pour renouer des relations avec ses collègues, et le travail qu’elle a fait sur elle pour accepter de s’ouvrir aux autres.
Beaucoup de mes collègues étaient effrayés quand je m'approchais. Je savais pourquoi : ils voulaient aider, mais ne savaient pas comment. Devrais-je en parler ? Ne pas en parler ? Si je le mentionne, qu'est-ce que je devrais dire? Je me suis rendu compte que pour restaurer cette proximité avec mes collègues qui a toujours été très importante pour moi, je devais les laisser venir vers moi. Cela signifiait que je devais être plus ouverte et plus vulnérable que je n'ai jamais voulu l'être
Pour les collègues et le manager de la personne qui vit une situation difficile, il faut du courage pour faire le premier pas. Comment faire ?
Vous pouvez simplement exprimer votre soutien sans insister pour obtenir de détails : “Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit”.
L’usage de questions ouvertes permet de se montrer à l’écoute en laissant la personne exprimer ce qu’elle souhaite : “Comment tu te sens aujourd’hui ?”, “Qu’est-ce que je peux faire pour faciliter les choses pour toi ?”.
Sheryl Sandberg insiste sur l’intérêt de remplacer “Comment vas-tu ?” par “Comment vas-tu aujourd’hui ?”.
Quand on me demande « Comment vas-tu ? », je me retiens de crier : Mon mari est mort il y a un mois, comment pensez-vous que je vais ? Mais quand j’entends « Comment vas-tu aujourd’hui ? », je réalise que la personne comprend que le mieux que je puisse faire en ce moment est d’avancer jour après jour.
Ces questions ouvertes peuvent être posées de manière régulière pour discuter des évolutions de la situation et des impacts sur le travail.
Un dernier apprentissage formulé par Sheryl Sandberg :
L'empathie réelle est parfois de ne pas insister en disant que tout ira bien, mais de reconnaitre que ce n'est pas le cas.
2️⃣ Identifier ensemble les aménagements dans l’organisation du travail
Dans les cas de décès d’un proche, des jours d’absences autorisés sont définis par la convention ou des accords d’entreprise.
Pour les situations qui peuvent durer plusieurs semaines ou mois, le collaborateur pourrait engendrer des absences fréquentes. Selon la nature de son métier, différents aménagements peuvent être envisagés :
Journées d’absences exceptionnelles
Flexibilité sur les horaires
Possibilité de travailler à distance
Allègement temporaire de la charge de travail
Etc.
Le plus important est d’en parler directement avec la personne pour trouver le meilleur arrangement entre ses besoins et les vôtres (pour garantir la continuité des activités de votre équipe, avec le plus de sérénité possible).
Au-delà des aménagements à votre main, il peut exister des règles d’entreprise et des dispositifs d’aide qui peuvent s’appliquer à la situation : accès à un psychologue du travail, don de jours de repos, allocation de présence parentale, garanties intégrées au contrat de prévoyance, etc.
L’orientation de votre collègue vers les bons interlocuteurs est une manière concrète de l’aider. Comme on vous le rappelle dans d’autres Galères du Management, les RH sont vos amis pour vous aider au mieux. 🙂
3️⃣ Communiquer avec l’équipe
La communication avec le reste de l’équipe, voire avec les clients, est un autre problème épineux.
Le mode opératoire universel, qui s’adapterait à chaque situation, n’existe pas (tout comme les licornes).
Alors comment faire ?
La meilleure recommandation est de partager vos interrogations de manière transparente avec la personne concernée, et définir le plan d’action ensemble.
Dans l’exemple de votre collègue Bertrand, il va être absent plusieurs journées par semaine et travaillera avec des horaires aménagés pour être auprès de ses proches.
Voici quelques exemples de questions à aborder avec Bertrand :
Je pense qu’il faut que l’on communiquer sur tes absences à l’équipe pour nous organiser. Es-tu d’accord ?
Quelles informations leur donne-t-on ?
Souhaites-tu en parler directement à certaines personnes ? Préfères-tu que je le fasse ?
Je vois que tu seras absent lors du prochain point d’équipe. Je pense leur annoncer à ce moment là. Est-ce que cela te convient ?
Dans les échanges avec l’équipe, le maître mot est la transparence :
Informer l’équipe sur la situation et les impacts sur l’activité
Protéger la confidentialité des informations qui restent entre le collaborateur et vous
Si la situation affecte d’autres membres de l’équipe, aborder le sujet en individuel
L’équipe dans son ensemble a un rôle à jouer pour soutenir votre collègue.
Conclusion
La gestion de ces situations est un moment de vérité pour la relation d’un collaborateur avec son manager, et plus largement avec l’organisation. La capacité à traiter avec humanité les collaborateurs en difficulté renforce (ou détruit) la confiance.
La confiance mutuelle est le ciment de toute relation.
Cultivez la !
À bientôt pour le prochain épisode !
A chaque épisode, Onirio explore une situation managériale et vous donne des conseils pour prendre du recul et adopter les bons réflexes !
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Cette galère du management explorée avec 💙 par Onirio vous a été racontée par Jérôme Labastie